MÉMOIRE DE LA FONDATION NATIONALE
DES RÉALISATIONS AUTOCHTONES
Résumé
Il est essentiel d’accorder de l’attention aux
problèmes d’éducation si l’on veut que les générations (futures et actuelles)
d’enfants et de jeunes autochtones puissent devenir des travailleurs à part
entière et ainsi réduire les graves pénuries de main-d’œuvre qui menacent notre
future prospérité.
Il est important d’investir dans deux secteurs clés
pour le bien-être actuel et futur du Canada, soit améliorer la qualité de
l’enseignement de la maternelle à la 12e année pour les Autochtones,
les Inuits et les Métis, et faire en sorte que tous les élèves ayant les notes nécessaires
pour faire des études postsecondaires ou un apprentissage professionnel disposent
des ressources dont ils ont besoin.
La Fondation nationale des réalisations
autochtones est un moyen responsable et attrayant de faire en sorte que les fonds
fédéraux permettent d’obtenir les résultats voulus.
Le conseil pré-budgétaire du Comité permanent des
finances est le moyen par lequel le Parlement, qui est la voix du peuple au
Canada, conseille le ministre des Finances et le gouvernement du Canada. Ces conseils
sont d’une importance capitale en ces temps de crises financières
internationales aiguës, et il faut réduire de façon draconienne les dépenses du
Canada pour assurer sa prospérité.
Le gouvernement et le Parlement sont confrontés à
des décisions difficiles, eu égard aux intérêts opposés dont ils doivent tenir
compte. La Fondation nationale des réalisations autochtones reconnaît la
responsabilité cruciale du Comité et souhaite à ses membres de garder l’esprit
clair et d’avoir la force de tenir le cap et la sagesse de trouver le juste
équilibre. Les fonds recommandés doivent à la fois répondre aux besoins urgents
de la population et aux besoins économiques du Canada.
Bien qu’il soit vrai que la Fondation fasse la
promotion des intérêts des gens qu'elle défend – elle permet aux jeunes
autochtones de réaliser leur plein potentiel grâce à l’éducation et à la
formation – elle ne le fait pas à des fins égoïstes, mais bien pour défendre
les intérêts de tout le Canada.
La Fondation est une association caritative apolitique
agréée par le Canada et financièrement responsable qui, depuis 25 ans, soutient
et célèbre les réalisations du potentiel des Autochtones, des Inuits et des
Métis (celles des jeunes, en particulier), et fait la promotion de ces réalisations.
Nous sommes réputée depuis longtemps pour notre administration
responsable, efficace et transparente. Cette réputation, ainsi que nos stricts
processus de sélection et de suivi, assurent que les fonds que nous gérons servent
bel et bien à réaliser les buts que nous poursuivons.
La Fondation est considérée par les secteurs privé
et public comme une organisation solide d’une crédibilité à toute épreuve. Elle
est tenue en haute estime par les Autochtones, les Métis et les Inuits et par
les organismes nationaux et régionaux.
L’une de nos principales activités est l’attribution
de bourses d’études. En effet, nous avons accordé plus de 42,7 millions de
dollars à plus de 11 500 étudiants. Nous sommes le deuxième donateur de
bourses aux Autochtones après le gouvernement fédéral. En ma qualité de PDG de
la fondation, je suis fier de pouvoir déclarer que plus de la moitié du total a
été distribué ces cinq dernières années. De plus, le soutien du secteur privé
s’est accru au cours de cette période.
L’an passé, la Fondation a aidé 204 étudiants qui
voulaient devenir infirmiers, 133 futurs médecins et dentistes, 70 candidats au
doctorat, 226 étudiants en maîtrise, 115 étudiants en affaires et en commerce,
25 étudiants en génie, 87 futurs avocats, 71 étudiants en travail social, 107
futurs enseignants, pour n’en nommer que quelques-uns. Bien que ces chiffres soient
impressionnants, nous sommes encore capable de répondre à 20 % des besoins
des étudiants qui sollicitent notre aide.
La Fondation n’offre pas que des bourses. En
effet, par l’intermédiaire de son institut virtuel des réalisations autochtones,
elle peut appuyer les initiatives du gouvernement en servant de carrefour où
les parties peuvent situer et reconnaître les pratiques exemplaires des écoles
primaires et secondaires et en faire la promotion, et ce, partout au Canada.
Chacun a un rôle à jouer dans cette entreprise et
chacun profitera de son succès. Nous faisons appel à la charité d’un nombre
grandissant de citoyens canadiens et nous leur demandons de nous donner les
fonds dont nous avons tant besoin. En coopération avec l’Association des
universités et collèges du Canada, nous tentons de faire collaborer groupes autochtones
d’une part et administrateurs et universitaires d’autre part à la création et à
la mise en œuvre d’un plan d’action permettant d’améliorer l’accès des
Autochtones aux études supérieures et leur succès au collège et à l’université.
Qui plus est, la Fondation nationale des
réalisations autochtones a acquis une expérience considérable de la collaboration
avec la fonction publique dans le but de rédiger des propositions tenant compte
des réalités du gouvernement (qui doit réduire ses dépenses) et des réalités
des Premières Nations, des Inuits et des Métis, aujourd'hui et au cours des
années difficiles qui nous attendent. Nous sommes d’avis que, même s'il doit
sabrer dans tous les secteurs, le gouvernement peut être encouragé à considérer
un investissement dans l’éducation comme un investissement avisé, prudent et nécessaire.
Nous invitons donc les organismes gouvernementaux à solliciter l’appui de la Fondation,
qui peut les faire profiter de son expertise et de son expérience dans l’élaboration
de solutions créatives.
La Fondation reconnaît sa responsabilité pour ce
qui est de faire en sorte que non seulement les sommes versées soient utilisées
à bon escient mais aussi qu’elles servent à obtenir davantage de financement de
la part des gouvernements provinciaux, du secteur privé et de simples citoyens.
La Fondation vient de faire une proposition aux ministres
des Affaires autochtones et des Ressources humaines, eu égard au besoin urgent
de subventions supplémentaires pour les élèves autochtones, Inuits ou métis désireux
d’effectuer des études postsecondaires, de se former à un métier ou de faire un
apprentissage. Cette proposition est la suivante : que le gouvernement du
Canada accorde à la Fondation les sommes que celle-ci parviendra à obtenir du
secteur privé, des associations caritatives et de la communauté autochtone.
La Fondation a obtenu des succès remarquables en
attirant des millions de dollars de subventions du secteur privé pour le financement
de ses bourses d’études. Malgré cela, les leaders du secteur privé continuent
de me faire remarquer qu’ils s’attendent à ce que le gouvernement du Canada joue
un rôle important dans l’amélioration de l’avenir des Autochtones canadiens, notamment
en leur octroyant une aide financière dans le domaine de l’éducation. Je sais
que les subventions fédérales seront pour le secteur privé une incitation à
jouer un rôle essentiel dans nos activités. J’ai bon espoir qu’elles encourageront
les chefs d’entreprise canadiens à verser des sommes importantes aux étudiants autochtones
par l’intermédiaire de la Fondation, un organisme en lequel ils ont confiance
et qu’ils savent être capable de produire des résultats et de gérer les investissements
de façon responsable.
Nous aimerions que le gouvernement fédéral
s’engage à nous accorder une nouvelle subvention de 50 millions de dollars,
soit le même montant que la somme réunie par le secteur privé pour les bourses
d’études de la Fondation, ce qui fait un total de 100 millions de dollars.
De plus, nous avons l’intention d’obtenir des subventions plus importantes les
prochaines années en faisant appel à la générosité des provinces et des territoires.
La Fondation a toujours fait preuve de sa capacité
à tirer le maximum de chaque dollar qu’elle reçoit. Notre priorité, ce sont nos
étudiants : nous pouvons montrer que les fonds attribués vont aux jeunes
qui en ont besoin. Malheureusement, les besoins sont encore largement
insatisfaits et le potentiel à exploiter est encore sous-utilisé. Nous pourrions
faire davantage pour aider le Canada à investir dans les jeunes autochtones, Inuits
et métis. Nous avons le potentiel d’améliorer nos résultats et, ainsi, de rendre
les investissements fournis encore plus profitables pour l’élève et pour l’économie
du pays.
La Fondation facilite la collaboration entre éducateurs,
communautés, employeurs, conseils scolaires, associations d'enseignants et compagnies
qui veulent faire preuve de leur responsabilité sociale, un exercice qui prend
pour elles tout son sens.
Résultat : une relation véritable et à très
long terme qui permettra aux parties de relever de nouveaux défis, de saisir de
nouvelles occasions et de surmonter ensemble les épreuves qui les attendent.
De plus, nous faisons connaître aux jeunes
autochtones, Inuits et métis les possibilités d’emploi offertes par plusieurs
secteurs d’activités. Entre autres, nous leur présentons des courts métrages
documentaires intitulés L’industrie en classe et des documents à
l’appui, et ce, dans le but de leur faire connaître leurs options de carrière et
de les motiver à poursuivre leurs études. Par exemple, nous avons créé, avec
l’appui de la Companhia Vale do Rio Doce, un module sur l’exploitation
minière, ainsi que d’autres modules, qui portent sur la santé, le transport
ferroviaire, la télédiffusion, la justice, les transports, etc.
La Fondation s’est associée à cinq compagnies afin
d’aider des Autochtones à recevoir la formation et l’apprentissage dont ils ont
besoin dans le secteur de l’industrie pétrolière et gazière.
Donner une meilleure éducation aux Autochtones,
aux Inuits et aux Métis n’est pas qu’une noble entreprise. Cette entreprise a,
de plus en plus, des répercussions importantes sur l’avenir du pays. Nous
commençons à peine à ressentir les effets des bouleversements démographiques
qui nous attendent. En effet, un grand nombre de personnes âgées prennent leur retraite
sans que des travailleurs plus jeunes puissent les remplacer. Les ressources
humaines peinent à trouver de nouveaux spécialistes de la santé qui s’occuperont
de la population vieillissante. Les jeunes autochtones jouent deux rôles paradoxaux
dans l’équation : d’une part, ils constituent le groupe démographique
canadien dont la croissance est la plus rapide (des centaines de milliers de
jeunes autochtones brillants et créatifs tentent de se donner un avenir) et, d’autre
part, ils sont ceux qui sont les moins éduqués. Nous devons avouer que
certaines personnes ont réussi à s’en sortir et que nous sommes fiers d’elles. Cela
dit, nous ne pouvons que déplorer la situation globale.
Notre travail nous amène à constater en personne
les espoirs qui animent nos jeunes. Nous lisons leurs demandes d’aide. Nous nous
réjouissons quand nous entendons parler des succès de ceux que nous aidons et
nous nous attristons à la nouvelle que nos fonds sont limités et que nous ne
pouvons pas contribuer à réaliser le riche potentiel de ces jeunes.
Si quelque 28 % des élèves canadiens poursuivent
des études postsecondaires, seulement environ 8 % des élèves autochtones
font de même.
Au Canada, la vaste majorité des élèves d’écoles
primaires obtiennent leur diplôme d’études secondaires. Or, seulement environ 53 %
des élèves autochtones, voire moins, obtiennent de diplôme de base.
Le Canada paie très cher cette situation :
nous risquons ainsi de mettre en péril notre futur bien-être socio-économique. Si
le Canada ne fait rien pour l’éducation des jeunes autochtones, des centaines
de milliers de jeunes ne pourront pas aider ce pays à ralentir la contraction
de son marché de l’emploi. Sinon, ils ne seront tout simplement pas là quand on
a besoin d’eux. Nous devons nous y mettre dès maintenant – les diplômés ne se
bâtissent pas en un jour.
En quoi cela constitue-t-il un investissement? Selon
le rapport publié l’an dernier par le Centre d'étude des niveaux de vie, le
Canada réduirait ses seules dépenses de 115 milliards de dollars au
cours des 15 prochaines années si les jeunes autochtones recevaient la préparation
nécessaire leur permettant de jouer un rôle actif au sein de la main-d’œuvre
canadienne.
Toujours selon ce rapport, cet investissement
stimulerait grandement l’économie canadienne au cours de la même période. En
effet, il estime que le Canada profiterait d’un effet positif cumulatif de
l’ordre de 401 milliards de dollars pour son produit intérieur brut
si l’on parvenait à éduquer ces jeunes et à leur trouver de l’emploi.
La Fondation se sent encouragée par le fait qu’on
discute de plus en plus, partout au Canada, du besoin urgent d’aider les
étudiants autochtones à réussir, en consacrant plus d’efforts à leur éducation.
Tous les secteurs parviennent à la même conclusion : c’est une question de
simple bon sens que d’investir dans l’éducation des jeunes autochtones. En
effet, le Canada récolterait alors les fruits généreux de ses investissements :
ces étudiants feraient alors profiter de leur labeur l’économie de leur village
et celle du Canada tout entier. Il faut féliciter les étudiants eux-mêmes qui,
contre toute attente, ont terminé leurs études secondaires et ont été admis
dans des établissements d’enseignement postsecondaire. Si nous les appuyons,
ils pourront servir de modèles et inspirer les changements nécessaires chez les
Autochtones, les Inuits et les Métis, qu’ils vivent en milieu rural ou en
milieu urbain.
Nous vous prions, au nom de tous les Canadiens, de
recommander l’accroissement des investissements que nous recevons, afin de
faire en sorte que les jeunes autochtones soient prêts à édifier le Canada de
demain ainsi que leur propre carrière. Il faut que notre génération soit
fière du patrimoine qu’elle léguera aux futures générations.
NOS RECOMMANDATIONS
1. Que le gouvernement fédéral augmente son aide financière pour assurer
l’accès aux études postsecondaires, à la formation et à l’apprentissage pour
les jeunes autochtones, métis et Inuits.
2. Que le gouvernement fédéral verse à la Fondation nationale des
réalisations autochtones une subvention équivalente à celle versée par le secteur
privé. Ainsi, ce dernier aidera davantage les jeunes
autochtones à avoir accès aux études postsecondaires, à la formation et à
l’apprentissage.
3. Que le gouvernement fédéral accroisse son appui financier aux
programmes éducatifs destinés aux Autochtones, aux Inuits et aux Métis, et ce,
de la maternelle à la 12e année.